« La famille royale Saoud vit maintenant sa situation la plus déstabilisée depuis cinquante ans », déclare Bruce Riedel, chroniqueur d’al-Monitor et haut expert de l’Institut Brookings.
L’expert de l’Institut Brookings traite d’une vague d’arrestations ordonnées par le roi Salman et son prince héritier dans le cadre de la soi-disant lutte anti-corruption dans le royaume pour en tirer cette conclusion que les dernières évolutions montrent les tensions les plus fortes que vivent les membres de la famille royale depuis ces cinquante dernières années.
La décision du roi saoudien Salman Ben Abdul Aziz al-Saoud de limoger le ministre de la Garde nationale, le prince Mutaib Ben Abdullah, le fils préféré du défunt roi Abdallah, a pour but de retirer un potentiel puissant rival de son propre fils, le prince héritier Mohammed Ben Salman. L’éviction de Mutaib est la partie la plus cruciale d’une vague d’arrestations à grande échelle dans le royaume qui suggère une profonde opposition aux ambitions du jeune prince.
Riedel qui a servi pendant 30 ans en tant qu’analyste à la CIA souligne :
La détermination à consolider le pouvoir entre les mains du prince héritier suggère à la fois l’ambition et l’anxiété. Le jeune prince est un homme impatient et pressé avec une vision radicale de transformer son pays. Le mois dernier, il a annoncé des plans pour construire une nouvelle ville dans le nord-ouest du Royaume, baptisée NEOM, et financée par des investissements de 500 milliards de dollars. Sa vision saoudienne de 2030 est le programme le plus coûteux pour le changement dans l’histoire du pays.
Mais Mohammed Ben Salman est également conscient que son ascension fulgurante au pouvoir a aliéné beaucoup de membres de la famille royale qui ont été mis à l’écart. L’éviction forcée de Mohammed Ben Nayef a été faite de manière unilatérale, sans tenir des services de longues années qu’il avait fournis dans la lutte contre le terrorisme. Depuis son éviction, Nayef n’est plus apparu en public pour parler de son renvoi.
Des observateurs politiques soulignent que les nombreuses arrestations dans le royaume témoignent des tensions internes. Maintenant, le royaume est à la croisée des chemins : son économie s’est déstabilisée avec les bas prix du pétrole, la guerre au Yémen est un bourbier, le blocus du Qatar qui est un échec, l’influence iranienne omniprésente au Liban, en Syrie et en Irak. C’est la période la plus volatile pour Riyad.